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les étudiants et la crise de la covid 19 - étudiants avec des masques

Portraits d’étudiants au temps du coronavirus

Dimanche 1er Novembre 2020.

Thibault est dans le train pour rejoindre le campus de son école d’ingénieur. Les cours étaient déjà en visio depuis quelques semaines, mais là, c’est confirmé, ce sont aussi les Travaux Dirigés qui passent sous l’oeil omnipotent de Zoom. Des TD à distance des labos, filmés par la lorgnette d’une petite caméra avec un groupe de travail pour qui « travail en équipe » rime avec « chacun dans sa chambre ». Il rumine ; dans son groupe ils ont tous déjà eu le coronavirus en Septembre. Et pourtant ils ne pourront ni travailler ensemble, ni jouer dans leur équipe de volley, ni utiliser la bibliothèque de l’école. Ils sont 150 étudiants à vivre dans la résidence étudiante de l’école, partageant cuisines et sanitaires à chaque étage, mais ils ne peuvent être ensemble en cours… Il s’interroge sur la logique de tout cela et vacille dans son envie de solidarité transgénérationnelle.

Chloé étudie les sciences politiques. C’est sa première année. Première fois aussi qu’elle vit loin de chez elle dans une petite chambre qu’elle a choisie prêt de l’école implantée en zone péri-urbaine. Les cours ont tout de suite été majoritairement en visio. Les journées d’intégration ont été annulées ainsi que tous les évènements organisés par l’école ou les associations : pas de soirée, pas de conférence, pas d’atelier débat. Elle ne connaît quasiment personne de son école et sa petit chambre est bien isolée! La déprime s’installe doucement mais sûrement.  Elle pense, morose, qu’avec ce deuxième confinement, Macron va perdre les jeunes, qu’avec la mort de Samuel Paty et l’attentat au couteau à Nice, elle risque bien d’avoir un président d’extrême droite en 2022.

Martin joue au jeu vidéo. Il y joue beaucoup en ce moment. Il est en BTS Système Numérique en alternance. Sauf qu’il n’arrive pas à trouver d’alternance. Les forums d’entreprises et les journées portes ouvertes des CFA ont été annulés pendant le premier confinement. Il a eu quelques entretiens en visio mais qui n’ont pas abouti. L’après confinement de l’été a été chaotique avec des entreprises bien peu disponibles et des services débordés. Il sait bien que le gouvernement a élargi les aides à l’embauche des apprentis. Il sait aussi que l’école a rallongé le délai pour trouver son contrat. Mais ce deuxième confinement a des relents de résignation. Heureusement, il a ses jeux vidéos.

Léa écoute un podcast sur le coût d’une vie sauvée, calculé par l’économiste Patrick Artus. Elle se sent confusément en colère. En lien avec ses convictions écologiques, elle est en licence professionnelle Gestion et Protection de l’environnement GEOSSOL. Elle ne comprend pas pourquoi l’urgence climatique n’arrive pas à mobiliser les ressources humaines et financières comme le fait la crise du coronavirus. Comme si les vies futures de sa génération, celle qui subira de plein fouet le dérèglement climatique, avaient moins de valeur que la génération des boomers !

Julien était en stage de fin d’études lors du premier confinement. Le stage de ses rêves, dans le secteur du conseil aux entreprises. Avec, a priori, une perspective d’embauche au bout. Mais tout cela a pris fin brutalement. L’entreprise a interrompu son stage au milieu du confinement. Depuis c’est la galère. Comme beaucoup de ses copains de promo, il n’arrive à trouver ni stage, ni embauche. Le deuxième confinement le rend très pessimiste. L’impact sur une économie fragilisée va être encore plus fort. C’est mal parti pour trouver du travail … Et les milliards investis pour gérer la crise sanitaire et soutenir l’économie se retrouveront dans la dette que sa génération devra bien finir par payer!

Aurore est élève infirmière en IFSI dans le sud de la France. Pendant la première vague de la pandémie, elle a fait partie de ces étudiants qui pendant 5 mois sont venus prêter main forte au CHU, quasiment à plein temps. Le Coronavirus, elle l’a vu en direct. Elle a vu les souffles courts, l’oxygène qui se raréfie dans le sang, la toux qui n’en finit pas de déchirer. Elle a entendu la terreur dans la voix de cette femme au téléphone qui ne peut venir voir son mari en réanimation. Elle a connu l’impuissance et la mort. Alors que la deuxième vague gronde et gonfle, Aurore se sent fatiguée. Mais on l’attend au CHU, alors elle y va.

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Valérie Wasson _ Eurêka Study

Valérie Wasson

Co-fondatrice d’Eurêka Study®, tous droits réservés

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