Filières Santé, Parcoursup

Année P0 médecine : bonne idée ou mauvais plan ?

Les voeux Parcoursup en médecine sont source de Stress. Quid de l’année zéro ? Notre avis sans détour !

Par notre consultante à Chatou, Cécile Altherr

Qu’est-ce qu’une P0 ?

C’est une année de « prépa » proposée par des structures privées hors contrat. Cette année permet de passer en revue les thèmes les plus complexes de l’année de PASS (qui a remplacé la PACES, c’est-à-dire la première année de médecine).

Cette année de P0 (prononcer P-zéro en référence aux P1 qui sont les promos de première année de médecine) est supposée permettre aux élèves de se préparer à la redoutable année de PASS et son couperet du numérus apertus.
On la retrouve sous plusieurs noms selon les organismes et pour ne froisser personne, nous ne les citerons pas.

Jouant sur l’ambiguïté de la « prépa », l’année est facturée à des prix élevés mais en contrepartie, il est promis aux élèves un travail en petits effectifs comparables à une prépa (entendre ici Classe Préparatoire aux Grands Ecoles) avec, souvent un stage et des concours blancs donnant un classement au sein de la promo. Vu sous cet angle, c’est du sérieux.

Les avantages d’une année P0

Les avantages de la P0 : la découverte du programme et des matières suivies en fac par les apprentis carabins ; un gain en maturité, une augmentation de la confiance en soi, l’acquisition des méthodes de travail nécessaires en université. C’est rassurant pour les élèves … et les parents !

On le sait, le concours en fin de 1er année de PASS est extrêmement sélectif. Les P0 proposent de « réussir son cursus en études de médecine », de « consacrer une année complète à l’acquisition des connaissances nécessaires à la réussite » ou encore « d’effectuer une véritable transition entre le rythme du lycée et celui, particulièrement soutenu, des études de médecine ». Ca fait rêver !

Mais tout n’est pas aussi rose qu’il y parait. Essayons de comprendre pourquoi.

Il n’y a pas de place pour tout le monde en P1.

Malgré notre manque criant de soignants, nos jeunes générations sont encore très attirées par les études médicales et il y a plus de candidats à la première année de médecine qu’il n’y a de places en université.

À titre d’exemple :

L’Université de Paris offrait pour la rentrée 2021, 730 places pour 14.442 candidats !
En région, la situation est sensiblement la même. Prenons comme exemple l’université de Grenoble qui proposait 1.015 places pour 4.910 candidats.

Même si chaque candidat émet plusieurs vœux sur Parcoursup, il faut le dire : il n’y a pas de place pour tout le monde !

Les universités n’ont donc pas d’autre choix que de classer les candidats selon des critères qui leur sont propres et d’appeler les élèves par ordre de classement. Pas besoin de beaucoup réfléchir pour comprendre que les critères les plus importants sont les résultats dans les matières scientifiques et l’avis de l’établissement sur la Fiche Avenir du candidat quant à sa capacité à réussir dans la formation demandée.

> En 2021 , sur les 14.000 candidats pour UP, seuls 3.621 ont reçu une proposition.

Que font ceux qui n’ont pas de proposition ? C’est là que le bât blesse. S’il est possible pour presque toutes les orientations de trouver des plans B ou C qui permettent de revenir sur la voie choisie, ce n’est pas le cas des futurs médecins (1). Pour eux, seuls le PASS et la L.AS sont possibles. Sans proposition d’admission pour l’une de ces voies, le rêve se brise. Reste l’Europe… mais cela a un coût et même là, il n’y a aucune garantie.

(1) Les PASS, Parcours d’Accès Spécifiques Santé, concernent les élèves qui se destinent à médecine, pharmacie, kiné, maïeutique et odontologie. Par facilité de lecture ici, nous ne parlons que des élèves pensant à médecine mais tous sont concernés par notre propos.

Les chances d’admission en P1 après une année zéro ?

Quand il s’agit d’obtenir le taux d’accès en PASS des élèves issues de ces prépas P0 privées, sans aucun lien avec le MESRI, le discours n’est pas très clair… Pire, certains vont jusqu’à affirmer à leurs élèves qu’ils auront de droit une admission en PASS. « C’est la loi, les universités ne peuvent pas te refuser parce que les PASS ne sont pas des formations sélectives » s’est entendu expliquer une de nos jeunes clientes. Et ça … c’est faux !

Comment qualifier des organismes qui jouent sur les peurs et déceptions des élèves et leur promettent monts et merveilles ? La vérité ? Elle est simple : les universités donnent souvent priorité aux néo-bacheliers. Et donc dans les formations très demandées (comme les PASS) une année blanche est risquée dans un dossier. « Mais non, une année de prépa n’est pas une année blanche » me direz-vous. Et vous avez raison … si et seulement si cette année de prépa donne des crédits ECTS. Or, les organismes dont nous parlons ici ne peuvent délivrer d’ECTS puisque non reconnus. Une année de P0 ou une année à faire le tour du monde à dos d’âne revient au même pour Parcoursup. CQFD.

En préparant ce billet, j’ai interrogé des consultantes du réseau Eurêka Study. Plusieurs d’entre nous ont été amenées à travailler avec des jeunes passés par une P0. Sur ces dernières années, un dossier a été accepté : une jeune fille ayant obtenu son bac en Italie et qui avait fait le choix de la « prépa » pour s’assurer une année de PASS sereine. Pour tous les autres c’est souvent un refus. Même constat en allant sur les réseaux de parents : quelques heureux élus (presque toujours au parcours atypique) pour des dizaines de déçus.

Une journaliste de RMC (voir la vidéo en replay) a récemment été émue par le témoignage d’une jeune fille qui avait obtenu une place en PASS l’an dernier mais, inquiète de ne pas pouvoir redoubler (contrairement aux PACES, on ne redouble pas une année de PASS), avait fait le choix de refuser son admission pour se préparer au mieux, pensait-elle, pour se consacrer à une année de prépa privée. Aucune proposition cette année ! Elle est sur liste d’attente partout. La journaliste a cherché à comprendre et a appelé toutes les universités pour lesquelles cette jeune fille avait émis des vœux : la réponse est la même pour toutes les universités : la candidate a été desservie par son année de prépa et c’est le vice doyen de l’Université de Lille qui a le dernier mot « On donne clairement la priorité aux néo bacheliers. Il n’est pas justifié voire délétère de faire une année blanche de type prépa avant de s’inscrire en PASS ».

L’université de Poitier est elle aussi très claire. Sur le site de la faculté de médecine on peut lire :

» Points importants :

Il y aura autant de santé en Licence Accès Santé (LAS) qu’en PASS (Parcours d’Accès Spécifique Santé)
La PASS ne permettra que d’avoir 30% des places en seconde année, donc moins de chances de réussite en PASS qu’en LAS
La LAS permet aussi d’avoir une deuxième année de meilleur niveau (100% d’étudiants avec les ECTS santé, versus 30% seulement avec des ECTS santé, donc une deuxième année qui devra être plus « faible » en cas d’accès par une PASS).
La priorité sera donnée en 2021 aux néo-bacheliers et aux réorientés de l’université (les étudiants ayant choisi de faire une année en classe préparatoire privée ne seront pas prioritaires). «

Mon propos ici n’est pas de dire que les organismes qui proposent des prépa parallèles sont à fuir. Certains élèves de Terminale font le choix de suivre des cours pour se préparer à leur éventuelle année de PASS, s’assurant ainsi d’avoir déblayé les plus grands chapitres de l’année. D’autres, déjà inscrits en fac, s’appuient sur les cours proposés pour renforcer leur niveau et mieux se préparer au concours. Mais, attention à l’année zéro ! Cette année P0, pour certains élèves peut être une fausse bonne idée. Nous vous recommandons vivement, avant de vous inscrire en P0, de bien vérifier auprès de l’organisme le pourcentage d’élèves ayant été admis en PASS à l’issue de l’année de prépa.

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Cécile Altherr

Consultante en Orientation Scolaire Eurêka Study
Cabinet d’orientation à CHATOU (78) & Consultation OnLine

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