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Les métiers de demain : des métiers qui changent le monde ?
Des métiers au cœur des transformations de la société
Par notre consultante à Montreuil, Clara Kricka
Nous vivons dans un monde en mutation.
L’avenir fait l’objet de nombreuses interrogations et incertitudes.
L’une de ces interrogations concerne l’avenir professionnel de nos enfants et le souci de les orienter vers des filières d’avenir.
Un peu de contexte
En 2017, Dell et l’Institut pour le Futur publiaient une étude affirmant que 85% des métiers de 2030 n’existaient pas encore. Alors comment prévoir quels sont les métiers de demain ?
Suite à la pandémie de COVID-19 et la crise qu’elle a déclenchée, l’Etat a lancé en 2021 un plan visant à préparer la France de demain : France 2030. Ce plan prévoit des investissements considérés comme stratégiques dans le but de rattraper le retard de la France dans certains secteurs et de créer de nouvelles filières industrielles et technologiques porteuses d’avenir. France 2030 répond à des enjeux de réindustrialisation et de souveraineté.
Des besoins importants ont été identifiés dans les domaines suivants :
- Le numérique
- La santé
- L’énergie
- L’alimentation
- Les transitions en général.
Ces domaines correspondent aux transformations que nous connaissons : transition écologique et énergétique, transition numérique et transition démographique.
En vertu de la loi européenne sur le climat, l’Union européenne s’engage à adopter la neutralité carbone d’ici 2050. Plusieurs filières sont concernées au premier plan.
Décarbonation de l’industrie :
C’est l’un des principaux objectifs de France 2030. Cette décarbonation passe par le développement de technologies de rupture : l’hydrogène bas carbone ; la biomasse, l’électrification des procédés (le remplacement des moteurs et chaudières à base d’énergies fossiles par des composants électriques) ; la capture, le stockage et l’utilisation de carbone.
Production d’énergie bas carbone :
Pour qu’il y ait décarbonation, il est nécessaire que l’électricité elle-même soit décarbonée. L’électricité décarbonée est issue des énergies renouvelables (éolien, solaire, hydraulique, biogaz) et du nucléaire, dont la filière est relancée avec les réacteurs de faible ou moyenne puissance.
Une filière s’est développée autour de l’hydrogène dont les applications sont multiples. Il permet la production d’énergie pour les bâtiments et les sites isolés, mais aussi le stockage de l’électricité issue des énergies renouvelables qui ne peut être consommée immédiatement. L’hydrogène offre par ailleurs une solution pour la décarbonation des industries lourdes dont les procédés ne peuvent pas être convertis à l’électricité. Enfin, l’hydrogène s’utilise dans tous les types de mobilité.
Transports :
Le secteur de la mobilité est tout naturellement concerné par la décarbonation avec le développement des véhicules électriques et hybrides, mais aussi de l’avion bas carbone. C’est toute l’industrie aéronautique qui se réinvente : le développement de carburants durables implique de repenser l’architecture des moteurs et de mettre au point de nouveaux matériaux afin de garantir leur compatibilité avec les carburants. Le transport maritime n’est pas en reste avec la recherche de carburants propres et le développement du transport à la voile.
Efficacité énergétique des bâtiments et écoconstruction :
Le secteur du bâtiment contribue fortement aux émissions de CO2. Sa décarbonation passe par l’efficacité énergétique grâce à l’isolation, la ventilation et les équipements de chauffage, mais aussi la domotique, la gestion de l’énergie et la gestion technique des bâtiments.
Elle passe également par l’écoconstruction qui consiste à bâtir, rénover ou réhabiliter des bâtiments en utilisant au maximum des matériaux biosourcés d’origine végétale ou animale pour les rendre moins énergivores : bois, argile, laine, chanvre…
Les métiers générés par la transition écologique et énergétique sont très nombreux et variés, à tous les niveaux de qualification, du CAP au doctorat. Au développement et à la production de nouvelles technologies s’ajoutent le développement et la construction des infrastructures nécessaires à leur exploitation. Outre les métiers techniques (ingénieurs, techniciens), la transition écologique et énergétique mobilise des fonctions support spécifiques. On peut mentionner les agents de développement des énergies renouvelables, qui sont chargés, au sein de collectivités, de concevoir et piloter des projets d’exploitation de ressources renouvelables (identification de sites, évaluation de la viabilité technique et économique, coordination des études…). L’économe de flux est quant à lui un spécialiste des économies d’énergie dont le rôle est de proposer une meilleure gestion de l’énergie afin de réduire les surconsommations.
Transition numérique
Le numérique modifie profondément nos vies et nos sociétés. Il est en évolution permanente. Les métiers du numérique sont nombreux et s’adressent à tous les profils. Des profils techniques (développeurs, administrateurs réseau…), des profils business (consultant SEO/SEA, social media manager…), et même créatifs (web designer…).
Le numérique est l’une des priorités de l’Union européenne. Car il est devenu un enjeu de souveraineté. La Commission européenne a élaboré un « Programme d’actions pour la décennie numérique » pour 2030 axé sur la numérisation des services publics, la transformation numérique des entreprises et le développement d’infrastructures numériques sûres et durables.
La souveraineté numérique passe notamment par la maîtrise de certaines technologies : l’intelligence artificielle, la cybersécurité et l’informatique quantique.
Intelligence artificielle :
L’intelligence artificielle est partout et impacte tous les domaines de la société. Elle connaît un développement exponentiel grâce à l’augmentation des données disponibles, à la puissance de calcul des ordinateurs et l’utilisation d’algorithmes complexes (machine-learning et deep-learning).
L’intelligence artificielle offre de nombreuses perspectives. D’abord dans le développement de nouveaux systèmes et applications intégrant l’intelligence artificielle. Les ingénieurs en intelligence artificielle sont recherchés, mais aussi des ingénieurs en programmation linguistique, qui développent des logiciels de rédaction automatique (traitement automatique des langues).
Ensuite dans la collecte, la gestion et l’exploitation des données ou data, qui « nourrissent » l’intelligence artificielle. Plusieurs spécialistes interviennent. Les architectes big data sont chargés de la collecte des données brutes et de leur stockage. Les data engineers préparent les données pour que celles-ci soient utilisées par les data analysts et data scientists : ils vont non seulement les collecter et les stocker, mais ils vont les nettoyer, les consolider et les structurer. Les data analysts et les data scientists vont exploiter les data pour aider le management des entreprises à prendre des décisions. Alors que les data analysts vont analyser les données pour répondre à une question précise, les data scientists vont définir des modèles prédictifs pour résoudre des problèmes complexes.
L’intelligence artificielle pose des questions éthiques. C’est ainsi que se développe le métier d’éthicien qui s’assure que l’intelligence artificielle soit utilisée de manière responsable et respecte les droits des personnes, notamment par rapport aux biais des algorithmes.
Le versant matériel de l’intelligence artificielle n’est pas à négliger. Les données sont stockées dans des data centers très énergivores qui regroupent des serveurs qui chauffent et qu’il faut réfrigérer avec de l’air conditionné. Un vrai défi à l’ère de la transition écologique !
Cybersécurité :
Selon l’Anssi (Agence nationale de la sécurité des systèmes d’information), les cyberattaques auraient progressé de 400% depuis 2020. La cybersécurité est l’un des grands chantiers dans lequel la France investit beaucoup.
Là encore, les métiers sont nombreux pour garantir la sécurité des systèmes et des réseaux, prévenir les menaces et faire face aux attaques.
Le responsable de sécurité des systèmes d’information définit la politique de sécurité des systèmes d’information et veille à son application. Le cryptologue protège les données sensibles par le développement d’algorithmes de chiffrement. L’analyste SOC (security operation center) traite les incidents de cybersécurité.
Informatique quantique :
Cette technologie encore en gestation exploite les principes fondamentaux de la mécanique quantique. Elle permet de résoudre des problèmes extrêmement complexes de manière beaucoup plus rapide que les machines classiques. Sa puissance de calcul ouvre de nouvelles perspectives, principalement dans l’intelligence artificielle, le deep learning et la résolution de problèmes en cryptographie.
Transition démographique
Selon les projections, d’ici 2050 la population de l’Union Européenne devrait baisser mais sera vieillissante. Les 65 ans ou plus représenteront 35% de la population ; les 80 ans ou plus 10% de la population. Si l’on peut se réjouir de l’allongement de l’espérance de vie, ce vieillissement de la population présente de multiples défis. D’autant plus que les seniors souhaitent rester chez eux le plus longtemps possible.
Système de santé :
L’un de ces défis concerne le système de santé, qui est amené à subir une mutation profonde. Aujourd’hui curative, la médecine évoluera vers une médecine personnalisée, prédictive, préventive et participative, avec des conséquences sur le parcours de soins et les métiers de la santé.
Avec une médecine plus centrée sur la personne que sur la maladie, le patient sera placé au cœur du système de santé. Le parcours de soins s’en trouve transformé. Aujourd’hui celui-ci prend en charge les patients du diagnostic au traitement des maladies. Demain, il devrait s’étendre à la prévention des pathologies, à l’accompagnement médico-social, ainsi qu’au maintien et au retour au domicile après les soins. Cela implique une adaptation de la prise en charge et des innovations organisationnelles refondant les relations des professionnels de la santé entre eux et avec leurs patients, ainsi qu’une redéfinition du périmètre d’intervention et du rôle des acteurs de la santé. Les pharmaciens devraient voir leur rôle accru dans la prise en charge des patients, le suivi de patients atteints de maladies chroniques, la dispensation de traitements à domicile… Les compétences des infirmiers seront élargies. Le métier d’infirmier en pratique avancée, déjà répandu dans d’autres pays, permet à ces infirmiers de réaliser des tâches auparavant effectuées par des médecins.
De quoi favoriser aussi l’émergence de nouveaux métiers, tel que le médiateur en santé, qui fait l’interface entre les acteurs du système de santé et les personnes en difficultés dans leur parcours de soins et de prévention.
Arrivée des nouvelles technologies :
Les nouvelles technologies et les innovations scientifiques bouleversent également les pratiques médicales : biothérapies, thérapies géniques, implants autonomes et intelligents, visualisation et impression en 3D, jumeau numérique, robots médicaux, intelligence artificielle, télémédecine… Elles entraînent le développement de nouvelles compétences et l’émergence de nouveaux métiers pluridisciplinaires, qui sont encore à inventer. Ainsi, la médecine prédictive et préventive, qui permet de prédire le développement de maladies et d’agir préventivement sur les populations à risque, repose sur la collecte d’un énorme volume de données de santé générées par les patients puis leur mutualisation permettant la création et l’utilisation d’algorithmes d’aide à la décision.
Vieillissement de la population
Le vieillissement de la population appelle le développement de produits et services adaptés à la vie des seniors, notamment dans les solutions permettant le maintien à domicile. Cela concerne au premier chef les services à la personne : aide à la vie quotidienne, aide à l’autonomie, stimulation cognitive et motrice. Cela concerne également les produits de l’habitat et de la sécurité : aménagement, domotique, téléassistance…, mais aussi de la mobilité. Toute une économie qui se développe sous le nom de « Silver economy ».
Conclusion
En conclusion, les transformations enclenchées dessinent un monde nouveau où il n’est pas possible de dresser un tableau exhaustif des métiers de demain. Si de nouveaux métiers apparaissent, beaucoup existent déjà. Nous aurons toujours besoin de nous nourrir, nous loger, nous habiller et nous soigner. Ces métiers « traditionnels » seront amenés à évoluer plus ou moins profondément.
Quoi qu’il en soit, certaines compétences seront clé : capacités d’adaptation et à apprendre.
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Consultante en Orientation Scolaire Eurêka Study
Cabinet d’orientation à Montreuil & Consultation OnLine
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